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Crise du coronavirus: quel vécu et quelles perspectives?

Interview avec Monsieur Stéphane Vergère, directeur administratif du Diocèse de Sion, et avec Monsieur Jean-Louis Crétin, coordinateur de la Pastoral du Monde du Travail (PMT).

[Translate to französisch:] Photo by Evgeni Tcherkasski on Unsplash

Comment vivez-vous la crise du coronavirus et en quoi a-t-elle bouleversé votre activité professionnelle au quotidien ? 

Stéphane Vergère: Je suis en total confinement depuis la mi-mars, ceci surtout en raison de la fragile santé de mon épouse. Depuis lors, je fais du télétravail. Ce mode de faire a certes ses limites, mais il comporte aussi de réels et nombreux avantages: moins de trajets, gain de temps, perspectives d’économie de loyers!

Jean-Louis Crétin: Depuis l’annonce du Conseil fédéral le 16 mars dernier du confinement, tout notre travail à la Pastorale du Monde du Travail en Romandie (PMT) est chamboulé. Nous vivons une situation surréaliste avec des femmes et des hommes qui sont désorientés face à cette crise sans précédent. Beaucoup de personnes ont peur de perdre leur travail. D’autres se trouvent au chômage et sont déboussolés…. et d’autres prennent cette situation avec philosophie. Avant la crise, nous rencontrions les personnes, aujourd’hui notre travail se fait principalement par téléphone. Sans le contact humain, tout est différent.

Quels renoncements/mesures sont apparus ou se révèlent être les plus lourds de conséquences pour le travail de votre institution ? 

Stéphane Vergère: L’on a dû évidemment supprimer de nombreuses séances. Les outils informatiques permettent cependant de traiter bon nombre de tâches à distance. Exemple: vu que la séance mensuelle du Conseil économique du diocèse fixée au 26.03.20 n’a pas pu avoir lieu à l’évêché, les dossiers ont été scannés puis transmis en pdf aux membres de la Commission pour avis et décisions utiles. Une fois les échos obtenus, le procès-verbal peut alors être dressé et les lettres-réponses acheminées à qui de droit.

Jean-Louis Crétin: Le plus difficile aujourd’hui pour les aumôniers de la PMT romande et les personnes que nous accompagnons, c’est le manque de contact humain. Bien sûr, il y a le télétravail, le téléphone, les mails, les messages, etc… Mais rien ne remplace le « face à face » que nous avions avec les chômeurs, les personnes en souffrance dans le monde du travail. La solitude était déjà très lourde en temps normal pour beaucoup de personnes que nous rencontrions, maintenant elle est décuplée.

Comment entrez-vous en contact avec vos groupes cibles dans la situation actuelle ? 

Stéphane Vergère: Par email ou par téléphone. Avec les moyens modernes à disposition, les personnes appelées ne s’aperçoivent même pas que nous les appelons de notre domicile, le numéro qui s’affiche étant celui de l’évêché. La possibilité de faire nos prochaines séances du Conseil épiscopal par visioconférence est actuellement à l’étude.

Jean-Louis Crétin: Il n’y a pas de miracle ! Face à cette pandémie, le téléphone et les réseaux sociaux sont des outils importants pour rester en « contact ». Nous essayons de trouver d’autres canaux pour garder un lien avec les plus fragilisés. Par exemple nous envoyons des petites vidéos, des prières qui redonnent de l’espérance.

Projetez-vous à la fin 2020 et imaginez ce que sera votre regard sur la crise qui a éclaté en mars : quels seront les difficultés et les moments pénibles que vous n’aurez pas oubliés ? Quels effets positifs, espérons-le, serez-vous en mesure de constater ? 

Stéphane Vergère: Indéniablement le confinement aura marqué et changé notre regard sur notre façon de vivre. Et c’est là le point positif de cette crise... un examen de conscience et un retour à l’essentiel quasi-forcé, nous prouvant que l’on peut vivre plus simplement ! Comme moments pénibles, je retiendrai bien sûr le fait d’être privés de visite de mes enfants et petits-enfants ou encore ces attitudes de méfiance entre les personnes... par crainte d’être contaminées et de contaminer d’autres sans le savoir.

Jean-Louis Crétin: Malheureusement, je ne suis pas Madame Soleil. Ce qui est sûr, c’est que dans 9 mois (un enfantement) ce sera… Noël ! La fête par excellence d’une nouvelle naissance et de l’espérance. De nature positive, j’espère de tout cœur que cette pandémie sera passée avec le moins de morts possible. Mais aussi avec le moins possible de dégâts collatéraux. Je pense surtout aux personnes qui auront perdu un proche, leur emploi, leur rêve… Je souhaite que personne ne reste sur le bas-côté de la route, mais que la solidarité qui est la nôtre aujourd’hui puisse perdurer. Que nous prenions encore plus soin des uns des autres, comme Dieu le fait encore aujourd’hui par nos mains.

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