La CES et la RKZ se sont rencontrées le 8 juin 2021 à Einsiedeln
L’ensemble de la Conférence des évêques suisses (CES) et une délégation du même nombre de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ) se sont rencontrés pour la première fois le 8 juin 2021.
La rencontre a eu lieu, sur invitation de la CES, à l’Abbaye d’Einsiedeln, dans le contexte du processus « En chemin ensemble pour renouveler l’Église ». Les sujets principaux abordés ont été la collaboration entre la CES et la RKZ, ainsi que la question des perspectives communes pour une Église de demain présente dans la société. Les discussions ont révélé beaucoup de points communs, ce qui a fait dire à Stefan Müller (RKZ), lors du dernier tour de table, que « nous avons en commun tout l’essentiel ». Et Mgr Jean-Marie Lovey (CES) s’est déclaré heureux de la netteté avec laquelle le « désir commun de servir les hommes et l’Évangile » s’était fait sentir.
« Pas de gouvernement de l’Église de Suisse »
Voir ce qui était commun a aussi révélé la différence de fonctionnement entre les deux organisations. Dans sa présentation de la CES telle qu’elle se perçoit, son président, Mgr Felix Gmür, a relevé qu’il ne s’agissait pas d’un « gouvernement de l’Église de Suisse », mais d’une « plateforme des évêques diocésains, des abbés territoriaux et des évêques auxiliaires » dont « l’échange fraternel » constitue le cœur. La prise en charge de tâches qui concernent tous les diocèses et la société entière, comme les questions bioéthiques, viennent seulement en second lieu. L’autonomie de chaque évêque reste intacte. La CES échange avec différents partenaires, dont la RKZ est le plus important.
« Il est grand temps pour une rencontre avec toute la CES »
La présentation de la RKZ par sa présidente, a permis de comprendre qu’il s’agit d’une organisation qui amène, par des processus démocratiques, à des décisions sur les affaires nationales de l’Église catholique. La RKZ juge essentielle la collaboration avec la CES et il est ainsi « grand temps, 50 ans après la fondation de la RKZ en 1971, pour une rencontre avec toute la CES ».
« Trouver des solutions et prendre aussi en compte le point de vue de l’autre »
De nombreuses prises de position dans la discussion sur la question de la « collaboration » ont porté sur la conception de base de la collaboration : ce ne sont pas les institutions qui doivent être au centre mais l’objectif commun du « bien de l’ensemble du peuple de Dieu ». Et, lors du travail dans les organes, il faut garder à l’esprit ces deux choses : que les membres de la CES et de la RKZ se rencontrent, d’une part, en tant que délégués de leurs institutions mais aussi, d’autre part, en tant que baptisés. Lorsqu’ils collaborent, les délégués de la RKZ n’agissent donc pas seulement comme des « financeurs » et les évêques pas seulement comme des « dispensateurs de sacrements ». Au contraire, ces priorités différentes offrent la chance enrichissante d’examiner un sujet dans la perspective de l’autre.
Il faut s’efforcer, dans un dialogue franc, de se battre pour des solutions assumées ensemble et de « se serrer les coudes » pour ce qui est commun, comme l’a formulé Thomas M. Bergamin (RKZ). Il n’est cependant pas toujours possible d’éviter les différends et les divergences, ni à l’interne de chaque organisation, ni entre la RKZ et la CES. Il est important alors d’en parler à temps et de clarifier comment vouloir les gérer.
La nécessité de poser des limites a aussi été évoquée. Il faut se concentrer, avec les forces à disposition, sur ce qui est faisable ensemble au niveau suisse et à l’échelon des régions linguistiques. Et il faut reconnaître que de nombreuses choses importantes pour l’Église ne sont ni faisables ni disponibles à l’échelon de la CES et de la RKZ.
Perspectives communes pour l’Église de demain
Avant la rencontre, la CES et la RKZ s’étaient mises d’accord sur le fait de ne traiter qu’une seule question relative au large sujet du « renouveau de l’Église », à savoir : quels défis stratégiques la CES et la RKZ relèveront-elles ensemble pour que l’Église catholique reste à l’avenir également une protagoniste et une voix importante dans la société au niveau suisse ?
Deux aspects sont ressortis clairement des discussions des groupes de travail : la perte de crédibilité et d’importance d’une part ; l’exigence de donner la priorité à l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui, d’autre part. Erwin Tanner, secrétaire général de la CES, a souligné, à ce propos, combien il était important de vaincre le « mutisme » et de passer « de la culture du moi à la culture de Dieu ». Daniel Kosch, son pendant à la RKZ, a souligné que « donner la priorité à l’Évangile signifie aussi dépasser des attitudes contradictoires en elles-mêmes – par exemple par rapport aux droits humains et à l’égale dignité de tous les enfants de Dieu ».
« De nombreuses questions restent ouvertes »
Lors de l’évaluation de la journée, les voix les plus nombreuses constataient avec une certaine surprise et un certain soulagement que la CES et la RKZ partageaient nombre de convictions fondamentales et de souhaits. Celles et ceux qui ne travaillent pas dans des organes communs ont particulièrement souligné la valeur de la rencontre et des échanges personnels. Ceux-ci ne créent pas seulement une base commune mais peuvent aussi aider à gérer les divergences d’opinions. Diverses interventions ont bien montré que les points de vue pouvaient être différents sur la gestion des abus, sur le rôle spécifique de la RKZ dans la structure générale de l’Église, sur une conception plus précise de ce que signifie « se parler d’égal à égal » pour la CES et la RKZ, si souvent souhaité, ainsi que sur l’avenir du système dual dans une société en mutation, tout comme sur la vision de l’Église. Il s’est toutefois aussi avéré clairement que les avis – également sur la question de savoir d’où vient le « renouveau » de l’Église et quel renouveau est souhaitable- ne divergent pas seulement entre la CES et la RKZ mais également à l’interne de chaque institution.
Un pas petit mais important
Il n’était pas prévu de prendre des décisions concrètes. Mais il y a des idées concrètes sur la manière de continuer le travail.
- La base juridique de la collaboration entre la CES et la RKZ est une convention de l’année 2015. Un petit groupe de travail, puis le conseil de coopération, en tant qu’organe principal de cette collaboration, évalueront comment cette convention a été mise en œuvre et traiteront les conceptions différentes sur certaines dispositions.
- Les différents organes communs du cofinancement CES-RKZ, partiellement existant depuis des décennies, étudieront comment adapter leurs méthodes de travail pour consolider un échange véritable et donner plus d’espace et de poids aux questions stratégiques. Ils doivent se demander encore plus nettement : comment pouvons-nous relever les défis actuels avec des ressources personnelles et financières qui se réduisent ? et où devons-nous avoir le courage d’abandonner ou de transformer ce qui existe ?
En parfaite adéquation avec le processus « En chemin ensemble pour renouveler l’Église », de nombreuses personnes ont qualifié cette première rencontre entre la CES et la RKZ de « pas ». Que celui-ci ait été qualifié de « petit » pas ou de pas « important », tout le monde est tombé d’accord sur le fait que ce n’était ni le « premier » ni le « dernier ». Le chemin se poursuivra, « car nous avons besoin les uns des autres », comme l’a dit Mgr Büchel dans son bilan.
Fribourg et Zurich, 11 juin 2021
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