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L’engagement milicien – une ressource pour les Eglises et autres acteurs de la société

«Le système de milice: modèle dépassé ou d’avenir?» Telle était la question provocante sur laquelle se sont penchés les quelque soixante-dix participants à une rencontre organisée par la Conférence centrale.

Parallèlement à la démocratie directe et au fédéralisme. l’«esprit de milice» constitue le troisième pilier sur lequel repose l’identité politique de la Suisse, a relevé Tibère Adler, directeur du think tank Avenir Suisse en Suisse romande. Et dans son allocution de bienvenue, la vice-présidente de la Conférence centrale, Susana Garcia, avait déjà livré aux participants ce calcul selon lequel, dans l’Eglise catholique uniquement, près de 9’000 personnes assument un service de milice. Aussi, la société et les Eglises ne sauraient rester de glace face à un effritement de cette pierre angulaire de notre identité nationale.

Un peu partout, on est en quête de nouvelles solutions, mais elles sont à double tranchant

On ne s’étonnera guère que, dans maints secteurs de la société civile suisse, des réflexions soient menées sur les raisons du désintérêt pour l’engagement milicien et sur la façon dont son avenir pourrait être assuré. Nombre de solutions proposées sont toutefois à double tranchant:

  • Réduire les tâches confiées aux autorités de milice fait courir le risque que cet engagement soit marginalisé et passe progressivement pour du folklore; à l’inverse, étendre leur mission expose à des risques de surcharge de travail et de surmenage.
  • Augmenter la rémunération des activités miliciennes nuit à leur crédibilité et suscite de fausses incitations, tandis que la maintenir à un bas niveau a pour effet que des hommes et des femmes qui vivent de leur travail ne peuvent plus s’offrir la charge supplémentaire considérable qu’implique de tels engagements.

Des dilemmes similaires existent pour des sujets de préoccupation tels que la professionnalisation, le temps à consacrer, etc. A titre de solution de remplacement, Avenir Suisse a lancé dans le débat l’idée d’un service citoyen pour tous (envisagé comme un élargissement du service militaire pour les hommes) et l’introduction d’un droit d’éligibilité pour les étrangers au niveau communal. A ces suggestions sont associées une plus grande reconnaissance de l’engagement milicien au travers d’offres de formation et de la délivrance d’attestations pour l’activité bénévole accomplie et les compétences acquises dans ce cadre.

L’engagement de milice donne du sens – une fausse professionnalisation et la bureaucratisation sont nuisibles

C’est un autre angle de vue qu’a proposé le deuxième orateur, Theo Wehner, professeur émérite de psychologie du travail et de l’organisation à l’EPFZ. Il a démontré que l’activité milicienne accroît la joie de vivre. La personne qui assume un tel engagement se lance dans une expérience qui donne du sens à sa vie, que ce soit en participant à des initiatives sociales novatrices, en exerçant une activité en harmonie avec ses propres valeurs ou encore en expérimentant un sentiment d’appartenance et de valorisation. Toutefois, cette expérience de l’engagement milicien source de sens peut être mise en danger par les pièges suivants: mépris du savoir empirique et admiration débordante pour les efforts de professionnalisation, «gestionnite» et bureaucratisation excessive des tâches honorifiques, manque d’une culture de la reconnaissance et de la participation qui fasse appel à l’imagination.

Ateliers sur des sujets spécifiques à l’Eglise

Sur cette toile de fond, les ateliers de l’après-midi ont été axés sur les questions suivantes:

  • Comment peut-on renforcer le système de milice au sein de la société – et, partant, de l’Eglise aussi – au travers de changements apportés aux conditions-cadres?
  • Le système de milice en milieu ecclésial et sa crédibilité ont-ils un profit à tirer du développement de modèles d’indemnisation?
  • Quels facteurs peuvent renforcer la motivation à assumer un engagement milicien en milieu ecclésial?
  • Quels facteurs favorisent une saine collaboration entre organismes de milice et personnes exerçant des charges à titre professionnel?
  • Quelle est la marge de manœuvre des autorités de milice actives dans l’Eglise catholique s’agissant de questions d’ordre conceptuel?
  • Quels sont les moyens susceptibles d’aider les organes de milice à remplir judicieusement leur mission au sein d’unités pastorales toujours plus vastes?

Les apports de spécialistes, le dialogue entre «professionnels» et «miliciens», des regards portés au-delà des frontières cantonales et linguistiques ainsi que les échanges d’expériences et d’idées ont été vécus par de nombreux participants comme un encouragement à poursuivre leur propre engagement mais aussi à chercher à renforcer le système de milice. Lors de la discussion finale, les expressions ci-dessous ont été entendues à maintes reprises:

  • «Promotion de bonnes conditions cadres», 
  • «Création d’authentiques possibilités de participation»,
  • «Reconnaissance de la diversité des compétences des membres des autorités de milice», 
  • «Dialogue au sein du système dualiste».

Les prestations que la Conférence centrale pourrait encore assurer au-delà de cette rencontre est un point qui reste à clarifier. Cependant, il est d’ores et déjà certain que l’on se gardera de mettre en place des mesures bureaucratiques, souligna Daniel Kosch, secrétaire général de la Conférence centrale, dans son allocution finale.

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